CITA
L’alternance du pouvoir en Afrique : l’ingérence continuelle de l’Occident
Le Grand Soir
Journal Militant d’information Alternative
23 décembre 2010
Chems Eddine CHITOUR
Il faut soutenir les dictateurs africains sinon ils ne feraient pas d’élections »
Jacques Chirac (confidence faite à Pierre Péan)
Jacques Chirac (confidence faite à Pierre Péan)
28 novembre 2010, après plus de cinq ans d’attente, les élections ont eu lieu en Côte d’Ivoire. Le socialiste, Laurent Gbagbo, après 10 ans de règne dont cinq ans sans élection, n’accepte pas le verdict des urnes, battu par Alassane Ouattara sur le score sans appel de 54%, proclamé par la commission indépendante constituée à nombre égal d’observateurs des deux camps, il se fait proclamer vainqueur par un proche, le président du Conseil constitutionnel. Dès l’annonce de son élection, l’ensemble des grands commandements des forces armées avec à leur tête le général Philippe Mangou, chef d’état-major de l’armée, ont fait allégeance au président Laurent Gbagbo. Le Conseil de sécurité des Nations unies reconnaît Ouattara comme vainqueur. Ban Ki-moon invite Gbagbo à favoriser une transition en douceur.
Une vieille règle toujours d’actualité
Une Vieille, règle africaine veut qu’« on n’accepte les élections que si l’on est sûr de les gagner ». C’est dans les faits, vrai dans la plupart des élections à l’africaine exception faite de l’Afrique du Sud. Est-ce à dire que l’Afrique n’est pas mûre pour la démocratie et l’alternance ? Ou est-ce les intrigues et les soutiens occultes et les promesses aux parrains, notamment occidentaux, qui font que celui qui bafoue les élections a, d’une façon ou d’une autre protégé ses arrières. Pourtant, en l’occurrence Laurent Gbagbo a réussi le tour de force de se mettre à dos la « Communauté internationale », il faut entendre par là les pays occidentaux directement intéressés au premier rang desquels les Etats-Unis et en Europe la France qui ont des intérêts puissants que le président Gbagbo n’a pourtant pas perturbés. On parle aussi de nouvelles puissances, la Russie mais surtout la Chine qui se contentent « d’observer » pour le moment. Reste l’Union africaine et ses rodomontades plus pitoyables les unes que les autres. Où est-elle quand les Sahraouis se sont fait tabasser ? Quand Moubarek se concocte des élections législatives à sa pointure, quand enfin elle accepte que le Soudan sombre dans la partition et la Somalie qui n’est plus un Etat ?
Les sanctions n’ont pas tardé à tomber : le président sortant doit « reconnaître la volonté du peuple de Côte d’Ivoire et entamer une transition pacifique » a exhorté Philip Crowley, le porte-parole de la diplomatie américaine. Les Etats-Unis ont appelé, mardi 7 décembre, le président ivoirien sortant, Laurent Gbagbo, à « entamer la transition pacifique » du pouvoir à Alassane Ouattara afin de sortir le pays de la crise. « Nous espérons que le président Gbagbo fera le bon choix dans les prochains jours », a exhorté Philip Crowley, le porte-parole de la diplomatie américaine. Le résultat du scrutin présidentiel du 28 novembre a été « clair », et le sortant doit « reconnaître la volonté du peuple de Côte d’Ivoire et entamer une transition pacifique », a-t-il continué. Le président américain Barack Obama a formellement mis en garde Laurent Gbagbo contre un « isolement accru » et dit qu’il subirait les « conséquences de ses actes injustes » s’il s’accrochait au pouvoir. (1)
L’Europe n’est pas en reste : les ministres des Affaires étrangères de l’UE se sont mis d’accord lundi 12 décembre sur l’imposition de sanctions pour certaines figures dominantes en Côte d’Ivoire, mettant la pression sur Laurent Gbagbo afin que celui-ci renonce au pouvoir suite à une élection présidentielle contestée. (...) « Nous appelons à une passation de pouvoir immédiate et pacifique », a dit Catherine Ashton, haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères, aux journalistes. « Nous avons décidé d’adopter, sans délais, des mesures de restriction à l’encontre de ceux qui font obstruction à la paix et à la réconciliation. » Son refus de démissionner menace de compromettre un paquet d’aide internationale d’une valeur de 3 milliards de dollars (soit 2,2 milliards d’euros). Le Fonds monétaire international a déclaré qu’il ne participerait pas au programme d’aide si le gouvernement de la Côte d’Ivoire n’est pas reconnu par les Nations unies. (...) L’Union africaine a suspendu la Côte d’Ivoire. Laurent Gbagbo a fait une ouverture en appelant à la « discussion » et rejeté l’idée d’un conflit armé avec les partisans de son rival. La tension actuelle fait pourtant craindre une confrontation armée dans le pays, théâtre d’une quasi-guerre civile après le coup d’Etat manqué de septembre 2002, qui l’a coupé en un Sud loyaliste et un Nord tenu par l’ex-rébellion des Forces nouvelles (FN). (2)
Pourquoi cet acharnent étrange à vouloir la démocratie à tout prix en Côte d’Ivoire et pas en Somalie ou en Egypte ? Une première explication nous est donnée par les richesses et les chasses gardées. L’étude suivante est édifiante. Nous lisons : « (..) La lettre du mouvement communiste n°15 dans sa parution de janvier 2005 fait l’état des lieux de la compétition capitaliste aiguë autour de la répartition de la rente issue de l’exploitation des ressources naturelles ivoiriennes. Plus de mille sociétés en Côte d’Ivoire appartiennent à la France. Le rôle de la France dans la guerre de septembre 2002 est identifié comme celui du traditionnel maître qui ne veut pas que l’esclave s’émancipe. (...)Troisième puissance économique de l’Afrique sub-saharienne, derrière l’Afrique du Sud et le Nigeria, la Côte d’Ivoire est un pôle économique d’importance au sein de l’Afrique de l’Ouest. Notamment l’Uemoa, marché commun regroupant le Bénin, le Burkina-Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo. D’après l’Irin, agence de presse de l’Onu, le Burkina-Faso dépend de la Côte d’Ivoire pour 80% de ses exportations et pour 60 à 70% de ses importations. (...)Riche en ressources naturelles (minérales et agricoles), la Côte d’Ivoire possède une industrie de transformation relativement réduite mais » sans équivalent en Afrique centrale et occidentale « selon Mission économique de l’ambassade de France, principalement dans les secteurs du cacao, du pétrole et de la conserverie de thon. (..) » (3)
« L’Union européenne (UE) absorbe 52% de son commerce extérieur. Au sein de l’UE, la France se confirme être le premier client du pays avec 19% de ses exportations totales en 2003. La France est le premier pays fournisseur de la Côte d’Ivoire, avec près du quart des importations totales représentées, notamment par des produits alimentaires et des biens d’équipement. Ainsi, comme bon nombre de pays capitalistes périphériques, la Côte d’Ivoire est riche en forces productives (main d’oeuvre et ressources naturelles, aussi bien minérales qu’agricoles) mais pauvre en industrie développée (agriculture : 27,6% du PIB en 2003 ; industrie manufacturière : 12,5%). (...) A lui seul, en 2003, le cacao a représenté 43% des exportations de la Côte d’Ivoire (soit environ 20% de son PIB estimé par le FMI à 8000 milliards de francs CFA, correspondant à 12,2 milliards d’euros. Le coton et le café, les autres grandes ressources agricoles du pays, ne pèsent que 3% chacun dans les exportations totales. Les produits transformés du bois, 4%. La Côte d’Ivoire est aussi le premier exportateur africain de thon (2% de son commerce) et de caoutchouc (2%). Les gisements de pétrole sont rapidement montés en puissance parmi les marchandises d’exportation (+56,4% en volume en 2003). La production est encore en expansion, 32.970 barils/jour en juin 2004 » (3).
« (...) Comme dans le cacao, la concurrence des géants étrangers du secteur y est très vive. Les intérêts français et américains s’entrechoquent. La société Total garde une longueur d’avance, comptant pour un gros tiers du raffinage et de la distribution totale de pétrole ivoirien. Bouygues, via sa filiale Saur, et EDF interviennent en amont, du côté de la production. Cependant, plusieurs firmes américaines importantes (Pioneer Oil Company et Africa Petroleum dans l’extraction ; Exxon Mobil dans la distribution) disputent l’influence française dans ce secteur. La France apparaît comme le premier investisseur direct étranger en Côte d’Ivoire, si on s’en tient aux statistiques du Cepici. En tout, ce sont 147 filiales d’entreprises françaises qui, selon le ministère des Finances, sont présentes dans le pays, employant 36.000 salariés ivoiriens. D’après les Échos, environ 51% des recettes fiscales de l’État ivoirien en sont issus. Parmi les sociétés françaises, on note avant tout : • Bouygues dans le BTP, via sa filiale Saur qui détient 47% de la Sodeci (eau) et 25% de la CIE (électricité) ; les aéroports, dont les concessions ont été confiées à la Chambre de commerce et d’industrie de Marseille et la Sofreavia. Le groupe Pinault dans la distribution de produits ; la BNP, le Crédit lyonnais, Axa et la Société générale dans le secteur financier ; France Télécom dans les télécommunications ; Castel dans le sucre et les boissons ; Accor dans l’hôtellerie. Air France, qui détient 51% d’Air Ivoire ; le groupe de négoce Touton (deuxième exportateur de fèves de cacao, avec 150.000 tonnes en 2003). D’autre part, plus de 1000 sociétés locales appartiennent à des ressortissants français. Pour les hydrocarbures : les intérêts américains sont représentés par les sociétés Foxtrot, Ranger Oil, Ocean Energy, et ceux des Canadiens par CNR International. Deux unités de blending (mélanges) opèrent en Côte d’Ivoire : la Sifal (détenue à 33% par Shell, 20% par Mobil) et la Texaco » (3).
Pour une alternance endogène
C’est à l’évidence, un pays qui ne s’appartient pas ! On comprend qu’il attise les convoitises.
Il y a cependant une autre explication qui fait que la configuration du pays rend difficile une réconciliation durable. Pour Ahmed Cheniki : « La présence d’une multitude de tribus et de langues empêche toute conciliation durable et tout compromis politique et géographique. La colonisation a dramatiquement aggravé les choses en instrumentalisant des conflits intertribaux et en multipliant les lieux de pouvoir marqués par une certaine allégeance à l’espace colonial. Le contact tragique avec la colonisation a engendré de nombreux conflits et des réalités syncrétiques mettant en avant les jeux claniques et tribaux associés à des formes européennes éparses. (...) Il n’est nullement possible de comprendre les enjeux actuels en Côte d’Ivoire si on n’interroge pas l’histoire de l’Afrique noire, ses contingences historiques et les relations avec la France. Les Accords de Marcoussis et d’Accra, d’ailleurs organisés par la France, ne pouvaient être que fragiles et circonstanciels. (...) L’Union africaine est inoffensive et trop peu opératoire dans ce type de situations. La mission africaine conduite par le président sud-africain est incapable de résoudre un problème qui remonte finalement à plusieurs décennies. C’est vrai que Houphouet Boigny, installé grâce aux Français, a tout fait pour bâtir son pouvoir sur des équilibres précaires tout en privilégiant les relations avec la France. Sa mort en 1993 a mis fin à des décennies de pouvoir marqué par un compromis intertribal et une forte répression visant les diverses oppositions politiques. Laurent Gbagbo se fait élire grâce au soutien du Parti socialiste français. La droite a toujours considéré ce dirigeant comme un trublion, un personnage trop peu crédible. La Côte d’Ivoire semble condamnée à des violences continues d’autant plus que les acteurs ne sont pas disposés à dialoguer sérieusement. (...) Les acteurs actuels, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, ont toujours connu des relations très conflictuelles. (...) Les choses n’ont donc pas changé dans ce territoire marqué par de profondes césures ethniques et religieuses. L’exclusion de la candidature de Ouattara, il y a quelques années, a engendré un vent de contestation dans le Nord musulman, représentant plus de 40% de la population alors que les chrétiens ne dépassent pas les 30%. (...) Aujourd’hui, Gbagbo sait qu’il est très fragile et que Sarkozy et l’UMP ne lui feront pas de cadeau. Dans le contexte actuel, le président français aimerait se débarrasser ainsi de l’actuel président, connu pour son hostilité à la droite française qu’il a toujours soupçonnée de vouloir déstabiliser son pouvoir. (...) Plus de soixante mille Français résident toujours dans ce pays. Il faut ajouter à cela le millier de soldats et de conseillers militaires installés depuis 1960, année de l’« indépendance ». Les choses n’ont pas changé depuis Foccart ». (4)
Pierre Beylou très optimiste écrit : « Deux présidents, deux gouvernements, une communauté internationale qui peine à faire reconnaître la légitimité de l’élection d’Alassane Ouattara, un pays au bord de l’explosion (...) Mais un vent nouveau se lève. Les populations en ont de plus en plus « assez des présidents fondateurs, des pères de la nation, des éclaireurs de pointe, des guides éclairés omniscients et omnipotents. » Ce constat est fait par Edem Kodjo dans un petit livre décapant (Lettre ouverte à l’Afrique cinquantenaire, Continents noirs, Gallimard). Cet ancien Premier ministre du Togo, ex-gouverneur du FMI et ancien secrétaire général de l’OUA, dresse un bilan sans complaisance du demi-siècle qui s’est écoulé depuis les indépendances dans les années soixante. « Nous, les fils aînés du monde, nous devenons les derniers de la classe », constate-t-il (...) ». (5)
Pour Pierre Haski, le PS peine à prendre position sur le coup de force de Laurent Gbagbo, qui dénonce l’ingérence occidentale en Côte d’Ivoire. Les embarras du PS avec le coup de force de Laurent Gbagbo pour se maintenir au pouvoir en Côte d’Ivoire ne sont qu’un héritage d’une relation jamais réellement clarifiée : celle des socialistes avec l’Afrique. (...) La crise ivoirienne est la première à rappeler aux socialistes qu’ils n’ont pas soldé les comptes du passé et pas encore défini leur politique sur un continent qui a beaucoup changé. (...) Ils ont la chance que Nicolas Sarkozy n’ait rien compris à l’Afrique et a raté le coche dès son « discours de Dakar », en 2007. (6)
Voilà donc un pays en coupe réglée qui ne crée pas de la richesse mais qui confie les richesses naturelles du pays aux multinationales occidentales qui, elles, ne transforment pas sur place, d’ailleurs le nombre d’emplois est très faible par rapport aux recettes engrangées. Par contre, le port d’Abidjan est l’un des plus importants de la région ! Les mêmes instances qui condamnent Gbagbo aujourd’hui, salueront demain la réélection en Egypte de Moubarak, C’est cela la vision démocratique de l’ultralibéralisme. A l’évidence, il n’y aura pas, du fait des interférences continuelles de l’Occident, d’alternance endogène. La boutade de Jacques Chirac est une fois de plus d’une brûlante actualité. Les heurts sanglants entre les deux rivaux risquant de déboucher sur une guerre civile, les Occidentaux qui ont armé les deux camps attendent de quel côté vont souffler les vents. On se dirigerait , vraisemblablement, vers une solution bancale, imposée, de partage du pouvoir à la kenyane avec le duo Kibaki-Lou Odinga ou à la Zimbabwe avec l’inoxydable Robert Mugabe et son adversaire devenu premier ministre Morgan Tsingaraye. « Quand les riches se font la guerre, ce sont les pauvres qui meurent » disait Jean Paul Sartre, en l’occurrence les dizaines de morts actuels en Côte d’Ivoire meurent pour des personnalités assoiffés de pouvoir et qui ne veulent pas passer la main. C’est là tout le drame de l’Afrique. Du fait des ingérences continuelles, les potentats au pouvoir se prennent pour des messies et à ce titre ils sont irremplaçables. Les successions sont généralement sanglantes et se règlent soit par l’émeute soit par le Darwinisme. A quand une Afrique où l’alternance sera inscrite dans le marbre ?
Pr Chems Eddine CHITOUR
Ecole Polytechnique enp-edu.dz
2. Côte d’Ivoire : l’UE se met d’accord sur des sanctions EurActiv avec Reuters. 14.12.2010.
3. Sériba Koné http://news.abidjan.net/article/index.asp ?n=349363 Exploitation des ressources naturelles en Côte d’Ivoire : 9 décembre 2009.
4 .Ahmed Cheniki : Les Jeux troubles de la Côte d’Ivoire Le Soir d’Algérie 6/12/2010.
5 .Pierre Beylau : L’Afrique qui pleure, l’Afrique qui rit. LePoint.fr. 08/12/2010.
6. Pierre Haski : Le PS et Gbagbo : Rue89 13/12/2010.
http://www.legrandsoir.info/L-alternance-d...l-Occident.html
CITA
La alternancia del poder en África y la eterna injerencia de Occidente
Le Grand Soir
Journal Militant d’information Alternative
23 diciembre 2010
Chems Eddine CHITOUR
«Si no apoyamos a los dictadores africanos no habrá elecciones»
(Jacques Chirac, confidencia a Pierre Péan)
(Jacques Chirac, confidencia a Pierre Péan)
El 28 de noviembre de 2010, después de más de cinco años de espera, se celebraron elecciones en Costa de Marfil. Después de 10 años de reinado, cinco de ellos sin elecciones, el socialista Laurent Gbagbo no acepta el resultado de las urnas, en las que ha sido derrotado por Alassane Ouattara con un indiscutible 54% declarado por la comisión independiente, constituida por un número igual de observadores de cada bando. El presidente del Consejo Constitucional le proclamó vencedor. Desde el anuncio de su elección el conjunto de los altos oficiales del ejército con el jefe del Estado Mayor, el general Philippe Mangou, al frente, ha prometido lealtad al presidente Laurent Gbagbo. El Consejo de Seguridad de las Naciones Unidas reconoció como vencedor a Ouattara y Ban Ki-Moon invitó a Gbagbo a propiciar una transición pacífica.
Una vieja regla siempre actual
Una vieja regla africana pretende que «sólo se aceptan las elecciones si se está seguro de ganarlas». En los hechos es verdad en la mayoría de las elecciones africanas excepto en Sudáfrica. ¿Esto quiere decir que África no está madura para la democracia y la alternancia? ¿O son las intrigas, los apoyos ocultos y las promesas a los patrocinadores, especialmente occidentales, los que hacen que el escarnio de las elecciones tenga, de una forma u otra, protegida la retaguardia? Sin embargo en esta ocasión Laurent Gbagbo ha conseguido la hazaña de enemistarse con la «comunidad internacional», entendiendo como tal a los países occidentales directamente interesados, en primer lugar Estados Unidos y Francia, en Europa, los cuales tienen poderosos intereses que sin embargo el presidente Gbagbo no perturba. También se habla de nuevas potencias, Rusia, pero sobre todo China, que de momento se limitan a «observar». Queda la Unión Africana con sus alardes a cual más patético. ¿Dónde está cuando machacan a los saharauis? ¿Dónde cuando Mubarak diseña las elecciones legislativas a su conveniencia? ¿Dónde, en fin, cuando acepta la partición que se cierne sobre Sudán y cuando Somalia ya ha dejado de ser un Estado?
Las sanciones no tardaron en caer: el presidente saliente debe «reconocer la voluntad del pueblo marfileño e iniciar una transición pacífica» exhortó Philip Crowley, el portavoz de la diplomacia estadounidense. El martes 7 de diciembre Estados Unidos instó al presidente saliente de Costa de Marfil, Laurent Gbagbo, a «poner en marcha pacíficamente el traspaso» del poder a Alassane Ouattara con el fin de sacar al país de la crisis. «Esperamos que el presidente Gbagbo tome la decisión correcta en los próximos días», insistió Crowley. El resultado de las elecciones presidenciales del 28 de noviembre fue «claro», y el presidente saliente debe «reconocer la voluntad del pueblo de Costa de Marfil e iniciar una transición pacífica», continuó. El presidente estadounidense Barack Obama advirtió formalmente a Laurent Gbagbo de un «mayor aislamiento» y de que sufrirá las «consecuencias de sus actos injustos» si se aferra al poder (1).
Europa no se quedó atrás: Los ministros de Asuntos Exteriores de la Unión Europea se pusieron de acuerdo el lunes 12 de diciembre sobre la imposición de sanciones a ciertas figuras dominantes en Costa de Marfil, enfatizando la presión sobre Laurent Gbagbo con el fin de que éste renuncie al poder tras las disputadas elecciones presidenciales. (…) «Instamos a un inmediato y pacífico traspaso del poder», dijo a los periodistas Catherine Ashton, la alta representante de la Unión Europea para los Asuntos Extranjeros. «Hemos decidido adoptar, sin demora, medidas restrictivas sobre quienes obstruyen la paz y la reconciliación». El rechazo de Gbagbo a dimitir amenaza con paralizar un paquete de ayuda internacional de 3.000 millones de dólares (es decir, 2.200 millones de euros). El Fondo Monetario Internacional ha declarado que no participará en el programa de ayuda si el gobierno de Costa de Marfil no es reconocido por las Naciones Unidas. (…) La Unión Africana ha suspendido a Costa de Marfil. Laurent Gbagbo ha hecho una apertura llamando al «debate» y rechaza la idea de un conflicto armado con los partidarios de su rival. Sin embargo la tensión actual presagia un enfrentamiento armado en el país, escenario de una «casi guerra civil» tras el golpe de Estado fallido de septiembre de 2002, que lo dividió en un sur leal y un norte en manos de los ex rebeldes de las Fuerzas Nuevas (FN) (2).
¿Por qué este extraño empeño en conseguir a toda costa la democracia en Costa de Marfil y no en Somalia o en Egipto? Una primera explicación nos viene dada por las riquezas y los «cotos privados». El siguiente estudio es muy instructivo. Leemos: « (…) la carta número 15 del movimiento comunista publicada en enero de 2005 informa de los lugares de la aguda competición capitalista en torno a la repartición de las rentas procedentes de la explotación de los recursos naturales de Costa de Marfil. Más de mil empresas en Costa de Marfil pertenecen a Francia. El papel de Francia en la guerra de septiembre de 2002 se identifica como el del tradicional amo que no quiere que el esclavo se emancipe. (…) Tercera potencia económica del África subsahariana tras Sudáfrica y Nigeria, Costa de Marfil es un polo económico importante en el oeste de África. Especialmente en el UEMOA, mercado común que agrupa a Benín, Burkina Faso, Costa de Marfil, Guinea Bissau, Malí, Níger, Senegal y Togo. Según Irin, agencia de prensa de la ONU, Burkina Faso depende de Costa de Marfil para el 80% de sus exportaciones y para el 60-70% de sus importaciones. (...) Rica en recursos naturales (minerales y agrícolas), Costa de Marfil posee una industria de transformación relativamente reducida, pero «sin equivalente en África central y occidental», según la misión económica de la embajada de Francia, principalmente en los sectores del cacao, el petróleo y la conservería de atún (…)» (3).
«La Unión Europea (UE) absorbe el 52% de su comercio exterior. Dentro de la UE Francia se confirma como el primer cliente del país con el 19% de sus exportaciones totales en 2003. Francia es el primer país proveedor de Costa de Marfil, con casi un cuarto de las importaciones totales, representadas en especial por los productos alimentarios y los bienes de equipamiento. Así, como numerosos países capitalistas periféricos, Costa de Marfil es rica en fuerzas productivas (mano de obra y recursos naturales tanto minerales como agrícolas) pero pobre en industria desarrollada (agricultura: 27,6% del PIB en 2003; industria manufacturada: 12,5%). (…) En 2003 sólo el cacao representó el 43% de las exportaciones marfileñas (es decir, alrededor del 20% de su PIB, estimado por el FMI en 8 billones de francos Cfa, que equivalen a 12.200 millones de de euros). El algodón y el café, los otros grandes recursos agrícolas del país sólo representan el 3% cada uno en las exportaciones totales, y los productos transformados de madera el 4%. Costa de Marfil también es el primer exportador africano de atún (2% de su comercio) y de caucho (2%). Los yacimientos de petróleo incrementan su valor rápidamente entre las mercancías de exportación (+56,4% en volumen en 2003). La producción todavía está en expansión, 32.970 barriles diarios en junio de 2004» (3).
« (…) Como en caso del cacao, la competencia entre los gigantes extranjeros del sector es muy encarnizada. Los intereses de Francia y Estados Unidos chocan entre sí. La empresa Total lleva una larga ventaja, al contar con un gran tercio del refinamiento y la distribución total del petróleo marfileño. Bouygues, a través de su filial Saur, y EDF intervienen desde el principio en lo que se refiere a la producción. Sin embargo algunas empresas estadounidenses importantes (Pioneer, Oil company y Africa Petroleum en la extracción y Exxon Mobil en la distribución) disputan la influencia francesa en este sector. Francia aparece como el primer inversor directo extranjero en Costa de Marfil según las estadísticas del Cepici. En total, según el ministerio de Finanzas, hay 147 filiales de empresas francesas en el país que emplean a 36.000 trabajadores marfileños. Según Les Échos, alrededor del 51% de los ingresos fiscales del Estado de Costa de Marfil proceden de ahí. Entre las empresas francesas destacan: en primer lugar Bouygues en el BTP, a través de su filial Saur que posee el 47% de Sodeci (agua) y el 25% de CIE (electricidad); los aeropuertos, de los que son concesionarias la Cámara de Comercio e Industria de Marsella y Sofreavia. El grupo Pinault en la distribución de productos; BNP, Crédit lyonnais, Axa y la Societé générale en el sector financiero; France Télécom en las telecomunicaciones; Castel en el azúcar y las bebidas; Accor en la hostelería; Air France, que posee el 51% de Air Ivoire; el grupo de negocios Touton (segundo exportador de habas de cacao, con 150.000 toneladas en 2003). Por otra parte, más de 1.000 empresas locales pertenecen a los residentes franceses. En el sector de los hidrocarburos los intereses estadounidenses están representados por las sociedades Foxtror, Ranger Oil, y Ocean Energy, y las de los canadienses por CNR International. Dos unidades de blending (mezclas) operan en Costa de Marfil: Sifal (33% propiedad de Shell y 20% de Mobil) y Texaco» (3).
Para una alternancia endógena
¡Es obvio que la soberanía de Costa de Marfil no existe! Se entiende que suscite la avaricia.
Sin embargo hay otra explicación que demuestra que la configuración del país dificulta una reconciliación estable. Según Ahmed Cheniki: «La presencia de una multitud de tribus y lenguas impide cualquier conciliación estable y cualquier compromiso político y geográfico. La colonización agravó dramáticamente las cosas al instrumentalizar los conflictos entre las tribus y multiplicando los centros de poder marcados según las lealtades al espacio colonial. El trágico contacto con la colonización engendró numerosos conflictos y realidades sincréticas, poniendo por delante los juegos de los clanes y las tribus asociados a las dispersas modalidades europeas. (…) No es posible entender los movimientos actuales en Costa de Marfil sin revisar la historia del África negra, sus contingencias históricas y las relaciones con Francia. Los Acuerdos de Marcoussis y Accra, por otra parte organizados por Francia, sólo podían ser débiles y circunstanciales. (…) La Unión Africana es inofensiva y muy poco operativa en este tipo de situaciones. La misión africana dirigida por el presidente sudafricano es incapaz de resolver un problema que finalmente se remonta a varios decenios.
Es verdad que Houphouet Boigny, instalado gracias a los franceses, hizo todo lo posible por construir su poder sobre desequilibrios precarios, siempre privilegiando las relaciones con Francia. Su muerte en 1993 puso fin a decenios de poder marcado por un compromiso entre las tribus y una fuerte represión sobre las diversas oposiciones políticas. Laurent Gbagbo consiguió su elección gracias al apoyo del Partido Socialista francés. La derecha siempre ha considerado a este dirigente un alborotador, un personaje poco confiable. Costa de Marfil parece condenada a la violencia continua, tanto más en cuanto que los actores no están dispuestos a dialogar seriamente. (…) Los protagonistas actuales, Laurent Gbagbo y Alassane Ouattara, siempre han tenido relaciones muy conflictivas. (...) Así pues, las cosas no han cambiado en ese territorio marcado por profundas divisiones étnicas y religiosas. La exclusión de la candidatura de Ouattara hace algunos años engendró una ola de protesta en el norte musulmán, que representa más del 40% de la población mientras que los cristianos no pasan del 30%. (…) En la actualidad Gbagbo sabe que es muy frágil y que Sarkozy y la UMP no le harán ningún regalo. En el contexto actual, el presidente francés desearía librarse del actual presidente marfileño, conocido por su hostilidad hacia la derecha francesa de la que siempre ha sospechado que quería desestabilizar su poder. (…) Más de sesenta mil franceses son residentes fijos en ese país. A los que hay que añadir el millar de soldados y consejeros militares instalados desde 1960, año de la «independencia». Las cosas no han cambiado desde Foccart (4).
Pierre Beylou, muy optimista, escribe: «Dos presidentes, dos gobiernos, una comunidad internacional que lucha para que se reconozca la legitimidad de la elección de Alassane Ouattara, un país al borde de la explosión (…) Pero se levanta un aire nuevo. Las poblaciones cada vez están más «hartas de los presidentes fundadores, los padres de la patria, los pioneros, los guías ilustrados omniscientes y omnipotentes». Edem Kodjo señala esta comprobación en un librito corrosivo (Lettre ouverte a l’Afrique cinquantenaire, Continents noirs, Gallimard). Este ex primer ministro de Togo, ex gobernador del FMI y ex secretario general de la OUA, hace un balance sin complacencia del medio siglo transcurrido desde las independencias en los años sesenta. «Nosotros, los primogénitos del mundo, nos convertimos en los últimos de la clase, señala (…)» (5).
Según Pierre Haski, el PS intenta tomar una posición sobre el golpe de fuerza de Laurent Gbagbo, el cual denuncia la injerencia occidental en Costa de Marfil. Los apuros del PS con el golpe de fuerza de Laurent Gbagbo para mantenerse en el poder en Costa de Marfil no son más que la herencia de una relación que nunca se ha clarificado realmente: la de los socialistas con África. (…) La crisis marfileña es la primera que recuerda a los socialistas que no han saldado las cuentas del pasado y que todavía no han definido su política con respecto a un continente que ha cambiado mucho. (…) Tienen la suerte de que Nicolas Sarkozy no ha entendido en absoluto a África y perdió el tren desde su «discurso de Dakar» en 2007 (6).
Tenemos por lo tanto un país explotado que no crea riqueza y confía sus riquezas naturales a las multinacionales occidentales, las cuales no las transforman en el terreno; por otra parte el número de empleos es muy escaso con respecto a los ingresos cosechados. Por el contrario, el puerto de Abidjan es uno de los más importantes de la región.
Las mismas instancias que hoy condenan a Gbagbo mañana celebrarán la reelección de Mubarak en Egipto. Ésta es la visión democrática del ultraliberalismo. Obviamente, debido a las continuas interferencias de Occidente, no habrá una alternancia endógena. La boutade de Jacques Chirac, una vez más, está de rabiosa actualidad. Los choques sangrientos entre los dos rivales amenazan con desembocar en una guerra civil, los occidentales que armaron a los dos bandos esperan a ver de qué lado sopla el viento. Probablemente se dirigirán hacia una solución chapucera, impuesta, de reparto del poder al estilo de Kenia con el dúo Kibaki-Lou Odinga o de Zimbabue con el incombustible Robert Mugabe y su rival, convertido en primer ministro, Morgan Tsingaraye. «Cuando los ricos hacen la guerra son los pobres quienes mueren» dijo Jean-Paul Sartre; en este caso las actuales decenas de víctimas de Costa de Marfil mueren por las personalidades ávidas de poder que no quieren pasar el relevo. Éste es el absoluto drama de África. Debido a las continuas injerencias los dictadores en el poder se ven a sí mismos como mesías y se consideran insustituibles. Generalmente las sucesiones son sangrientas y se regulan bien por las revueltas o por el «darwinismo». ¿Para cuándo una África donde la alternancia esté fuera de toda discusión?
Notas:
(2) Costa de Marfil: La Unión Europea se pone de acuerdo sobre las sanciones. Euractiv con Reuters, 14 de diciembre de 2010.
(3) Sériba Koné, Exploitation des ressources naturelles en Côte d’Ivoire, 9 de diciembre de 2009.
(4) Ahmed Cheniki: Les Jeux trubles de la Côte d’Ivoire. Le Soir d’Algérie, 6 de diciembre de 2010.
(5) Pierre Beylau: L’Afrique qui pleure, l’Afrique qui rit. LePoint.fr, 8 de diciembre de 2010.
(6) Pierre Haski: Le PS el Gbagbo, Rue89, 13 de diciembre de 2010.